El Recodo
Tango
Paroles d’Armando Tagini - Musique d’Alejandro Junnissi.
Quelques enregistrements : 
  • Carlos Di Sarli, en 1941 ;
  • Astor Piazzolla en 1946 ;
  • Enrique Carmelo Alessio en 1950 ;
  • Carlos Di Sarli en 1951 (2 enregistrements) ;
     en 1952 :
  • Dante Puricelli ;
  • Rodolfo Biagi ;

     puis

  • Los señores del tango en 1962 ;
  • Juan D'Arienzo en 1967 ;
  • Osvaldo Pugliese en 1970 ;
     et aussi
  • Ernesto Baffa/Osvaldo Berlingieri ;
  • Sexteto Milonguero ;
  • et
  • Orquesta Silencio.
     Curieusement, on ne trouve pas d’enregistrement chanté de ce tango. 
En voici néanmoins le texte et sa traduction :

El recodo

 

Tu ternura y mi pasión,

tu alegría y mi canción,

son capítulos de ayer.

Fue tu amor vino y miel

que bebí con fruición;

tu reír, cascabel

que alegró el corazón.

Fue tu voz "yaraví" (1)

que meció mi soñar

y tu fe prendió en mi

la ansiedad de triunfar.

 

Sólo al perderte aprendí

¡cuánto valía tu amor!

Y yo, que siempre reí,

supe llorar de dolor.

Fuiste un ángel, lo se.

Me inundaste de luz.

Y tus alas clavé

de mi orgullo la cruz.

 

Mi bien, ¿qué recodo traidor

de la senda triunfal

acechó a nuestro amor

en su trampa mortal

para cegarnos y causarnos

tanto mal?...

 

Mi bien, ¿qué recodo traidor

sin razón ni piedad

desvió nuestro amor

de la felicidad

que tu acunabas

y soñaba mi ansiedad?...

 

¡Fue mi orgullo torpe y vano!

Un recodo de espejismo

donde el sueño se estrelló

y el porvenir rodó al abismo.

A este abismo desolado

donde todo es inclemencia,

donde vivo torturado

y el frío de tu ausencia

me hiela el corazón.

Le virage

 

Ta tendresse et ma passion,

ta joie et ma chanson;

sont des chapitres passés.

Ton amour était vin et miel ;

je les ai bus avec délectation ;

et ton rire, une clochette

qui m’a réjoui le coeur.

Ce fut ton chant "yaraví"

qui a bercé mon rêve

et ta foi qui a allumé en moi

le désir de te conquérir...

 

Ce n’est qu’en te perdant que j’ai compris
toute la valeur de ton amour !

Et moi, qui ai toujours ri,

j’ai su pleurer de douleur…

Tu as été un ange, je le sais…

Tu m’as inondé de lumière.

Et j’ai cloué tes ailes

à la croix de mon orgueil.

 

Mon bien, quel traître virage

de la piste du triomphe (2)

a traqué notre amour

en son piège mortel,

pour nous aveugler et nous faire

tant de mal ? ...

 

Mon bien, quel traître virage,

sans raison ni pitié,

a détourné notre amour

du bonheur

que tu berçais

et dont rêvait mon désir ? ...

 

Mon orgueil a été stupide et vain !

Un virage de l’illusion

où le rêve s’est écrasé

et l'avenir a roulé dans l'abîme…

Dans cet abîme de désolation

où tout est rigueur,

où je vis le tourment

et où le froid de ton absence

me glace le coeur.


(1) Musique et chant originaires du Pérou, qui se sont aussi développés parmi les gauchos dans la pampa argentine.

(2) Pour suivre la métaphore hippique flagrante dans ce texte, métaphore soulignée par l’illustration de couverture de la partition. 

Traduction François Benoist ©

 

     Voici la version de Di Sarli de 1941, postée par Paul Bottomer sur sa chaîne YouTube ou sur sa page Facebook, où il fait remarquer que le terme Recodo, qui peut s'appliquer à toutes sortes de courbes, se rapporte ici à la passion nationale en Argentine (thème récurrent dans le Tango) que sont les courses de chevaux, en l'occurrence au virage de la piste du champ de courses ; sur cette vidéo, il en donne une jolie illustration.

 

 

     De même, la belle illustration donnée par Mariola Golińczak pour la version Biagi (1952) :