Les nuances

 

      Reconnaître la structure d'un tango, en repérer les phrases musicales, en suivre le tempo, la mesure et les rythmes, ne suffiraient pas à en développer une interprétation satisfaisante si l'on ne s'employait pas, de plus, à ressentir les nuances de la musique, de chaque instrument, qui, à chaque passage, contribuent à lui conférer sa couleur, son expression, son caractère, sa tonalité affective.

      Ainsi, nous avons évoqué plus haut quelques nuances : le jeu legato sur tout un passage, toute une phrase musicale, invite à se déplacer de manière lisse ; le marcato, par exemple lorsque, sur un passage ou une phrase musicale, tous les temps sont bien marqués, donne lieu à des pas plus appuyés. Ces temps peuvent de plus être détachés, joués staccato ; ils induiront des mouvements plus secs, plus piqués.

      Parmi les nombreuses nuances musicales qu'on pourrait énumérer, il nous semble important de mentionner particulièrement les crescendo-diminuendo, qui, comme des inspirs-expirs, susciteront une montée et une re-descente (détente) de l'énergie des danseurs.

      On peut encore noter le caractère dolce de certaines lignes mélodiques ; on exécutera alors les mouvements, jusqu'aux posés de pied, avec le plus de délicatesse possible.

      A l'opposé, on pourra accorder aux accents marqués, rencontrés par exemple de manière isolée, toute la vigueur nécessaire. On a déjà parlé plus haut des attaques franches en début de phrases de certains tangos, mais ces accents se rencontrent aussi bien au cours-même d'une phrase musicale.

 

      Dans tous les cas, c'est l'écoute sensible et la traduction dans la danse de toutes les nuances apportées par chaque orchestre dans son interprétation des tangos (et qui en font le style particulier) qui peut permettre aux danseurs de donner à leur interprétation toute son expressivité et ajouter à l'émotion qu'elle suscite.

 

 

(à suivre : En guise de conclusion)