Una carta

Tango Canción de 1931

Paroles et musique de Miguel Bucino.

Quelques enregistrements :

  • Chanté par Roberto Díaz, accompagné de guitares
  • Orquesta Típica Victor, avec Alberto Gómez, en 1931
  • Aníbal Troilo, avec Francisco Fiorentino, en 1941
  • Francisco Canaro, avec Carlos Roldán, en 1942
  • Alfredo De Angelis, avec Julio Martel, en 1948
  • Chanté par Edmundo Rivero, en 1950
  • Horacio Salgán, avec Ángel Díaz, en 1952
  • Carlos Figari, avec Enrique Dumas, en 1955
  • Juan D'Arienzo, avec Horacio Palma, en 1960.


Una carta

 

(Como estilo recitado)
Lloró el malevo esa noche sobre el piso de cemento
y un gesto impotente y fiero en su cara se pintó;
tomó la pluma con rabia, mientras ahogaba un lamento
y a su madre inolvidable esta carta le escribió:

(Cantado)
Vieja:
una duda cruel me aqueja
y es más fuerte que esta reja
que me sirve de prisión;
no es que me amargue

lo fulero (1) de mi encierro

ni el estar mismo que un perro (2)

arrumbao en mi rincón;

quiero,
que me diga con franqueza
si es verdad que de mi pieza
se hizo dueño otro varón.

Diga, madre, si es cierto que la infame

 

abusando de mi cana (3) me ha engañao...

 

si es cierto que al pebete (4) lo han dejao

 

en la casa de los pibes sin hogar...

Si así fuera... ¡Malhaya con la perra (5)...
algún día he de salir, y entonces, vieja,

¡se lo juro por la cruz que hice en la reja,

que esa deuda con mi daga he de cobrar!...

Vieja:
Vos que nunca me mentiste,
Vos que todo me lo diste,
no me tengas compasión
que aunque me duela,
la verdad quiero saberla...
¡no es el miedo de perderla
ni es el miedo a la traición...
pero,
cuando pienso en el pebete
siento que se me hace un siete
donde tengo el corazón...

 

Variantes :

(1) la tristeza

(2) y tirado como perro

(3) que estoy preso

(4) purrete = même sens que pebete

(5) la ingrata

Une lettre

 

(Quasi récité)

Cette nuit, il a pleuré sur le sol de ciment, le malfrat

et son visage s’est empreint d’une expression impuissante et féroce ;

avec rage il a pris la plume, tout en étouffant une plainte ;

et à sa mère, qu’il ne peut oublier, il a écrit cette lettre :

 

(Chanté)

Ma vieille,

Un doute cruel m’étreint ;

il est plus fort que les barreaux

qui me servent de prison ;

ce n'est pas tant qu'elle me rende chagrin cette méchante détention ;

et pas non plus d’être, comme un chien

rejeté dans mon coin.

Je veux,

que tu me dises franchement

si il est vrai qu’un autre homme

s’est emparé de mon lit.

 

Dis-moi, ma mère, si il est vrai que l'infâme,

profitant de mon séjour en taule (6), m’a trompé...

et si il est vrai qu'ils ont abandonné le gosse

à la "maison des enfants sans foyer" (7)...

Si c’est ça... malheur à la chienne ! ...

un jour, je sortirai ; alors, ma mère,

je le jure sur la croix que j'ai faite sur les barreaux :

cette dette je la paierai de mon surin !

 

 

Ma vieille,

Toi qui ne m'as jamais menti,

Toi qui m’as tout donné,

n’aie pas pitié de moi

et, même si elle me fait mal,

je veux la connaître, la vérité…

Ce n’est pas la peur de la perdre,

ni la peur de la trahison….

mais,

quand je pense au gosse,

je sens comme une déchirure

là dans mon cœur.

 

 

(6) ou "profitant de mon congé maladie", expression du vocabulaire des détenus. Voir Pierre Perret in Le Parler des métiers - dictionnaire thématique alphabétique (Editions Robert Laffont - 2003, page 756), 

(7) La Asistencia Pública de Buenos Aires, créée en 1882 par José María Ramos Mejía.


 

     Voici la version Troilo - Fiorentino :