Desvelo

Tango 

Musique d’Eduardo Bonessi 1924 - Texte d’Enrique Cadícamo 1938.

 

Ce texte a remplacé celui de Domingo Gallicchio de 1924, paru sous le titre De Flor en Flor.

 

     Sur ce tango à deux textes, on pourra lire l'article de TodoTango, par exemple dans sa traduction en anglais.

 

     Ont chanté Desvelo notamment :

  • Alberto Serna avec Antonio Rodio en 1944 ;
  • Floreal Ruíz avec Aníbal Troílo en 1948 ;
  • Alberto Morán avec Osvaldo Pugliese en 1953, avec Armando Cupo en 1956 et avec Alberto Di Paulo (album sorti en 1988)
  •  Alfredo Belusiavec la Orq. Osvaldo Requena
  • On notera aussi la version instrumentale du Nuevo Quinteto Real (album sorti en 2006).

 

Desvelo

 

Aunque vos pretendas
que me aparte de tu senda;
aunque me dejes solo,
yo siempre te he de amar;
aunque por mis celos (1)
viva lleno de desvelos
pensando que muy pronto (2)
de mí te alejarás,
igual... igual te adoro,
te lloro y te imploro
con loco afán.
En la tristeza inmensa (3)
de mi desolación,
los duendes (*) de mi mal
me van mordiendo el corazón.

Mientras (4) tu inconstancia me acorrala
y en mí se clava
como un puñal,
en las horas tristes (5) de mi insomnio
mis pobres ojos
no puedo cerrar.
De los espejos turbios
de mi melancolía,
todos nuestros amores
surgen de aquellos días... (6)
Ronda flotando por el cuarto tu figura,
y luego, riendo, te detienes junto a mí
para besarme con tu boca misteriosa (7),

 

tu boca deliciosa (7) (8),
tu beso de carmín (7).
Hasta que me sorprende al fin la madrugada
loco de cansancio y sin dormir.

Solo... solo y triste
porque sé que tú no existes...
La noche se hace larga
pensando siempre en ti.
Y de ansiarte tanto
sin querer, me asalta el llanto;

 

un llanto silencioso
que brota sin cesar...
Un llanto que mis ojos,
sin sueño y rojos,
no aguantan más.
Y en este drama mío
yo me hundo sin piedad.
Párate, corazón,
no abrumes más mi soledad.

 

Insomnie

 

Même si tu prétends

que je me détourne de ton chemin ;

même si tu me laisses seul,

je ne peux m’empêcher de t’aimer ;

même si, par ma jalousie,

je vis dans l'angoisse

à l'idée que très bientôt

tu t’éloigneras de moi,

c’est égal … égal ... je t'adore,

je te pleure et t’implore

d’une folle ardeur.

Dans l'immense tristesse

de ma désolation,

les génies de mon mal

se mettent à me mordre le cœur.

 

Cependant que ton inconstance me cerne

et se plante en moi

comme un poignard,

dans les tristes heures de mon insomnie,

mes pauvres yeux

je ne peux les fermer.

Des miroirs troubles

de ma mélancolie,

tout notre amour

surgit du fond de ces temps-là ...

Flotte autour de la chambre ta silhouette,

puis, en riant, tu t’arrêtes près de moi

pour m’embrasser de ta bouche mystérieuse,

ta bouche délicieuse,

ton baiser de carmin.

Jusqu'à ce qu’enfin l’aube me surprenne,

fou de fatigue et d'insomnie.

 

Seul... seul et triste

car je sais que tu n'existes pas ...

La nuit se traîne 

et je pense toujours à toi.

Et, à tant te désirer,

sans que je le veuille, les pleurs m’assaillent ;

des pleurs silencieux

qui ne cessent de jaillir ...

Des pleurs que mes yeux,

rougis et sans rêves,

ne supportent plus.

Et, dans ce malheur qui est le mien,

je m'enfonce sans merci.

Arrête-toi, mon cœur,

cesse d’accabler ma solitude.

 

(*) Ce mot désigne notamment des êtres (lutins, elfes, etc.) qui, selon le contexte, peuvent être bienveillants ou malveillants, tels les gobelins de nos légendes ou les djinns, chers à Victor Hugo... et à Denise Anne Clavilier, puisque, dans ses traductions, c'est le mot qu'elle choisit pour rendre duende dans ses différents emplois (voir Barrio de Tango - Editions du Jasmin - page 371).

 

Variantes chantées par Alberto Morán dans l’enregistrement avec Osvaldo Pugliese, en 1953 :

(1) por tus celos ;

(2) otro amante ;

(3) y en la tristeza horrible ;

(4) Aunque ;

(5) y en las negras horas ;

(6)  A la reprise, ces quatre vers sont remplacés par :

Y entonces abatida,

Oh, pobre mariposa

pretendes que la herida
la cierre con mi boca.

Et puis, abattue,

ô, pauvre papillon !

cette blessure, tu voudrais

que je la referme de ma bouche.  

Par ces quatre vers, Alberto Morán veut rappeler le texte de Domingo Gallicchio de 1924 (dont d'ailleurs le sujet était tout autre), écrit pour ce même tango lors de sa première publication en 1924, sous le titre De flor en flor. On pourra écouter le texte de Domingo Gallicchio sur les versions de De flor en flor enregistrées par Carlos Gardel (en 1924 et en 1930), par Mercedes Simone en 1937 et par Alberto Marino avec Héctor María Artola en 1949.

(7) para besarme con tu boca mentirosa,
tu boca misteriosa,
tus labios de carmín

(8) Une variante mineure dans la version enregistrée par Aníbal Troilo en 1948, où Floreal Ruíz chante : "tu boca mentirosa".

 

Traductions François Benoist ©

 

 

 

 

 

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